mercredi 12 mars 2014

Rendez-vous avec Lucian Freud de Georgie Greig (Document)

L’auteur, journaliste, a côtoyé Lucian Freud pendant de nombreuses années et le retrouvait régulièrement au « Clarck’s » pour petit-déjeuner. Le livre contient des extraits de leurs conversations et aussi de nombreux témoignages de l’entourage de Lucian. On sent une grande bienveillance de la part de l’auteur, mais il n’a pas cherché pour autant à masquer les zones d’ombre du personnage, et celles-ci étaient nombreuses : « et il laissait des victimes sur son passage : maîtresses abandonnées, enfants blessés, lettres laissées sans réponses ou réponses d’une grossièreté stupéfiante, dettes impayées, échange d’insultes. Sa règle, ou plutôt son absence de règles, consistait à dire ce qu’il voulait, poursuivant son art et son plaisir quel qu’en soit le coût, sans jamais faire de compromis » ; « On l’a accusé d’infidélité, de cruauté et d’absentéisme paternel, cependant en dépit d’une conduite d’un égoïsme parfois provocant, une partie de ses enfants et de ses maîtresses, continuent à défendre l’indéfendable. »

Ce livre est une très intéressante biographie d’un peintre finalement peu et mal connu en France. Et pourtant, quel homme, admirable par certains côtés et détestable par d’autres. Un grand peintre et un homme à la personnalité forte, petit fils du grand Sigmund Freud. Lucian quittera l’Allemagne pendant la guerre et sera ensuite naturalisé anglais. Un homme discret mais qui aura une vie folle et sera parfois poursuivi par les paparazzis (dont il n’hésitera pas à remettre les idées en place). Un bel homme, et charmant de surcroît, qui connaitra de nombreuses aventures, jusqu’au seuil de sa vie. Capable du meilleur comme du pire. Père de 14 enfants (ou plus !), mais il ne sera pas père dans le sens classique du terme. Ses enfants poseront pour lui, parfois nus. Il se brouillera facilement avec son entourage et le chapitre consacré à sa fille ainée Annie, montre la bonté mais aussi la cruauté de ce père atypique. Il ne pardonne pas, considère qu’il a toujours raison, les autres tort, et n’hésitera donc pas à se brouiller avec de nombreuses personnes.

Voici un passage qui résume bien le personnage : « sa vie était un vrai film : toujours des bagarres, pas une parole ennuyeuse, un art qui serait éternel, des femmes et des personnages formidables, toujours plein d’enfants. Même les mauvais moments avaient l’air bien. Il m’a raconté qu’il s’était disputé avec Francis Bacon pour avoir cassé la figure à un de ses petits amis qui attaquait Francis. C’était une vie magnifique. »

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