dimanche 27 octobre 2013

Fille de la campagne d'Edna O'Brien

Edna O’Brien nous livre ses mémoires. C’est un auteur irlandais dont je ne connaissais rien, mais son livre m’a donné envie de lire sa trilogie « les filles de la campagne » tant elle semble inspirée de sa propre vie et tant son écriture est soignée.

J’ai beaucoup aimé les passages sur son enfance et ses débuts dans la vie active. On se retrouve plongé dans une vie simple, à la campagne, très marquée par la religion. Les femmes n’ont pas l’indépendance et l’éducation que l’on a maintenant. Malgré les obstacles nombreux pour une femme et après avoir débuté sa vie professionnelle à Dublin dans une pharmacie, Edna O’Brien parvient à vivre de sa passion, l’écriture. La relation avec son mari est décrite avec justesse et sans amertume alors qu’ils vivent une séparation très difficile et qu’il tente de la séparer à jamais de ses enfants. Nous sommes dans un monde où les femmes n’ont pas encore de compte bancaire et les premiers cachets d’Edna vont directement sur le compte en banque de son mari !

La suite de l’essai m’a moins convaincue car j’ai trouvé que l’on passait trop rapidement d’un sujet à l’autre, d’un personnage à un autre, sans lien. J’ai eu du mal à suivre certaines anecdotes qui m’ont paru incongrues ou que je n’ai pas comprises, peut-être par manque de références ?

Le fait que ses mémoires ne se déroulent pas suivant la chronologie ne m’a pas dérangée, mais certains chapitres m’ont paru assez décousus. Cela m’a un peu gêné, mais j’y trouve une explication : c’est sûrement le reflet de l’état d’esprit d’Edna O’Brien, une femme âgée au moment de l’écriture de ses mémoire : un souvenir devait forcément en appeler un autre…

Tout s'est bien passé - Emmanuelle Bernheim

Un livre éprouvant dans lequel on suit jour après jour le chemin qu'Emmanuelle doit emprunter pour accompagner son père vers la mort. A la suite d'un AVC et de ses multiples complications, celui-ci fait part de son souhait de mourir à sa fille. Le mot euthanasie - à ma connaissance - n'est jamais évoqué dans le livre, mais c'est bien de cela qu'il s'agit.

Mais comment se faire à cette idée? Comment l'accepter et même avoir une part active dans cet acte? On voit comme cela peut être difficile, il faut déjà entendre le désir "d'en finir", puis, plus tard, il faudra même se renseigner concrètement sur la façon de faire. Et l'espoir toujours qu'il change d'avis. Quelles épreuves!

Quelles émotions aussi. Emmanuelle se remémore de vieux souvenirs - bons ou mauvais - et est pleine de tendresse pour son père malade. Il y a le rire aussi, il y a toujours eu beaucoup de rires dans la famille semble t-il et malgré tout, le rire reste présent. On sent aussi tout l'amour que les filles portent à leur père. Les émotions sont fortes.

C'est un livre qui émeut, mais c'est aussi un livre qui questionne. Comment ne pas se demander ce que nous ferions à sa place, confrontés à la même situation? De plus, il nous est clairement donné à voir les implications légales et judiciaires d'un tel choix, à l'heure d'aujourd'hui. Ce livre permettra peut-être de relancer le débat sur ce sujet de société ô combien sensible.

En bas les nuages de Marc Dugain

Au fil de 7 nouvelles ancrées dans le monde contemporain, Marc Dugain dresse le portrait de personnages aux origines sociales, géographiques et aux âges complètement différents et s'attache à décrire des moments critiques de leur vie et/ou des situations exceptionnelles qui marquent souvent un point de rupture. Les petits travers et contradictions de chacun sont passés au peigne fin et les personnages sont confrontés à des événements particuliers qui vont les changer à jamais.

On découvre, entre autres, un quadragénaire français qui va tenter de préserver sa vie telle qu'elle est alors qu'une situation dramatique se dévoile peu à peu au lecteur ; on croise un jeune américain orphelin sur le point de devenir millionnaire ; une vieille dame qui invite un jeune homme à partager son humble demeure ; un écrivain exilé volontaire dans un pays du sud et qui cache un passé trouble ; un homme âgé qui aura la chance de vivre un « dernier amour » auprès d’une jeune femme venant de rompre avec son petit ami.

L'exercice de la nouvelle est difficile en lui-même car en peu de pages, il faut aller au cœur du sujet et retenir son lecteur. C'est un pari réussi pour Marc Dugain qui dès les premières pages sait nous en dire assez sur ses personnages pour nous accrocher et sait créer une réelle tension dramatique. Ce qui m’a aussi particulièrement plu c’est la variété des thèmes abordés (l’artiste/l’écrivain et les difficultés de ce choix de vie, l’exil volontaire ou involontaire, les rapports hommes-femmes, le poids des apparences etc.) et les réflexions acides, drôles ou juste réalistes qui ponctuent le récit. J’en cite quelques unes, en vrac : « c'est un autre fondement de notre civilisation que de s'accrocher à l'insatisfaction avec l'énergie du désespoir... Pas de satisfaction mais pas de souffrance." Et en parlant des français : « Je crois que ce qui est unique chez eux, c'est leur rapport aux gens. Ils demandent toujours plus aux autres qu'à eux-mêmes. Ils en attendent la perfection et sont persuadés qu'elle seule pourrait les tirer de leur dépression chronique. »

Un auteur à découvrir !

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Et pour la petite histoire, c'est cette critique qui m'a permis d'être sélectionnée pour faire partie du Jury des lectrices ELLE 2010.

Depuis Marc Dugain a reçu le prix des Lycéennes de ELLE 2013 pour son roman: Avenue des géants

Quelqu'un l'a lu ou va le lire? Vos critiques et remarques sont les bienvenues :)

samedi 5 octobre 2013

Zone de non-droit d'Alex Berg

Policier: Zone de non-droit d'Alex Berg Il faut du courage pour ouvrir ce livre et aller au bout de sa lecture. Dès les premières lignes, le décor est posé: une femme, comme vous et moi, est arrêtée à l'aéroport alors qu'elle s'apprête à quitter Hambourg pour une journée de réunions de travail à Londres. Elle ne le saura pas tout de suite, mais elle est soupçonnée d'être une terroriste. Un long calvaire commence. Les autorités allemandes d'un côté, la CIA de l'autre. Une citoyenne allemande se retrouve prise dans un tourbillon où elle ne contrôle rien. C'est un livre dérangeant car il montre comment la lutte contre le terrorisme a engendré une "zone de non droit" dans laquelle la déclaration universelle des droits de l'homme n'a plus cours. La présomption d'innocence n'existe plus, la torture est possible. Et puis il y a Burroughs, cet agent de la CIA animé d'un esprit vengeur depuis que sa femme et ses enfants ont péri dans les attentats du 11 septembre. Là aussi, malaise, est-il le mieux placé pour combattre le terrorisme? C'est un livre prenant, aux personnages accrocheurs. Le rythme est là et le complot s'épaississant à chaque page, on suit l'intrigue avec ferveur. Tout est très réaliste, je ne doute pas que l'auteur - ex journaliste - a fait un travail journalistique important en amont. La préface nous semble, malheureusement, totalement plausible: "Ca peut arriver à chacun d'entre nous. Tous les jours. Partout. Il suffit d'un malheureux hasard. D'une confusion. Et notre vie n'est plus jamais celle qu'elle a été".

Une faiblesse de Carlotta Delmont

Roman: Une faiblesse de Carlotta Delmont De Fanny Chiarello Avril 1927: Carlotta Delmont, célèbre cantatrice, se prépare à chanter Norma au Palais Garnier. Mais au lendemain de la première, elle demeure introuvable. On dirait qu'elle s'est évaporée dans la nature... C'est une diva et à ce titre, sa disparition fait la une des journaux et son entourage est entendu par la police. Sa vie privée est scrutée dans les moindres détails et les journalistes divulguent toutes leurs découvertes dans la presse. Puis Carlotta Delmont réapparait. Elle voudrait reprendre sa vie peu ou prou là où elle l'a laissée, mais c'est une diva, une personne pas comme les autres, elle doit rendre des comptes. Le regard du public a changé, elle est maintenant jugée. Son destin a définitivement basculé. 1927, 2013, malgré le fossé, les thèmes abordés restent d'actualité. La célébrité et malgré tout, l'envie de vivre comme tout le monde, dans l'anonymat. Le pouvoir de la presse, le qu'en dira t'on, l'attrait du public pour le scandale. La forme du roman est singulière car elle croise les différents points de vue des personnages et mixe coupures de presse, extraits de lettres et journaux intimes. Carlotta, que l'on entr'aperçoit dans la première partie, nous touche par sa sincérité et ses prises de conscience, dans la seconde partie.

mercredi 2 octobre 2013

C'est le démarrage

Grâce à ce blog, je vais pouvoir partager avec vous l'expérience "Jury des lectrices Elle 2014" et vous faire découvrir les livres de la sélection par le biais de mes critiques. Au fil de l'eau, je publierai également mes commentaires sur la sélection 2010. Pour les personnes proches (géographiquement), il est possible d'emprunter les livres, n'hésitez pas à me solliciter! Aussi, donnez vous aussi votre avis sur les livres, via les commentaires. Bonnes découvertes à tous!