dimanche 19 janvier 2014

Attentat Express, Qui a tué Gilles Jacquier ? de Caroline Poiron

Gilles Jacquier, journaliste à France 2, est tué dans de terribles circonstances à Homs en Syrie, le 11 janvier 2012. Sa compagne, Caroline Poiron, elle aussi journaliste, est présente au moment des faits, mais n’est pas témoin de sa mort. Avec deux autres journalistes (suisses ceux-ci) présents dans leur petit groupe en Syrie à ce moment là, ils remontent le fil de l’histoire qui s’est terminée en drame. Leur enquête nous fait revivre presque minute par minute le jour du drame et les jours ayant précédé. Leurs contacts en Syrie, leurs chaperons, comment ils se sont retrouvés à Homs alors qu’ils n’avaient pas prévu d’y aller, tout est analysé à la loupe et les images vidéo sont re-visionnées avec l’aide d’experts.

L’état syrien s’était empressé de mettre le crime sur le dos de l’opposition, mais en reprenant tout le fil de leur périple en Syrie, Caroline Poiron nous montre à voir toutes les incohérences de ce scenario. Et c’est un scenario bien plus tarabiscoté qui se dessine peu à peu. Et si l’armée syrienne avait tout orchestré pour justement faire endosser ce crime par l’opposition ?

Ce livre est à la fois un témoignage fort sur la crise syrienne, qui permet de mieux en comprendre les ressorts et aussi un très bel hommage à Gilles Jacquier, au journalisme de guerre et au journalisme en général. Sa quête de vérité est loin d’être terminée car certaines réponses ne pourront sûrement faire surface qu’après la fin de la guerre civile. En attendant, ce livre fait parler de la Syrie et des conditions de vie qui se sont largement dégradées pour les civils depuis le début de la guerre et du travail de journalisme qui y est de plus en plus compliqué et dangereux à faire. Et ce constat terrible dans le dernier chapitre de l’ouvrage: « Et, aujourd’hui, qui couvre encore la Syrie ? De moins en moins de médias internationaux. Du coup, l’opinion publique n’y comprend quasiment plus rien, simplifie en mettant face à face un régime laïc et des islamistes assoiffés de sang. La Syrie baigne désormais dans une mer de sang, dans l’indifférence de la communauté internationale. »

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